mercredi 12 septembre 2007

12 Septembre 2007




En quatrième année des Beaux-Arts je me souviens être parti sur un coup de tête. Une évaluation qui a mal passé et hop ! fini, basta, allez vous faire foutre…je n’y ai jamais remis les pieds ! Trois ans que je supportais leurs comportements trop souvent méprisants avec tant d’élèves…même entre eux c’était la guerre. Des artistes ratés qui se sont tournés vers l’enseignement faute d’avoir trouvé la notoriété. A l’époque (je ne crois pas que ce soit encore le cas), pas besoin d’avoir de diplôme pour être ce qu’on appelait « des intervenants ». Aucune pédagogie donc, pas même la passion d’enseigner pour certains. Il y avait les élèves avec qui ça passait (je suis un rebelle obsédé par le sexe, je traduis mon oeudipe en me photographiant nu, je connais par cœur toutes les grandes période de l’Histoire de l’Art …) et il y avait les autres, qui se protégeaient un peu quand même devant l’insistance des profs à vouloir nous « foutre à poil» par tous les moyens, quitte à nous voir pleurer, nous effondrer, nous humilier…Et ils n’aimaient pas ça qu’on se protège et qu’on ne donne qu’une infime partie de ce que l’on avait dans le ventre. Peut-être qu’ils avaient raison, mais moi ils m’ont tellement gavé qu’un jour de raillerie j’ai foutu mon carton à dessin sous le bras et j’ai passé la porte sous leurs yeux. L’un m’a lancé « Tu sais ce que ça implique si tu fais ça ? ». Connard, me fait pas culpabiliser, quoi que je fasse tu vas m’enfoncer, m’enfoncer jusqu’à ce que je crache mes tripes. Je te lâcherais rien…j’aime pas qu’on me force !

Formation à Nantes et premier boulot, premier patron, une déception de plus. Quand la boîte a fait faillite le boss a voulu qu’on renonce à tous nos droits, je ne sais plus lesquels, mais lorsque j’ai refusé de signer il est entré dans une rage folle, on s’est quitté en mauvais terme, j’aime pas qu’on essaye de m’entuber !

Direction Paris, un super taf pendant trois ans, des collègues devenus pour la plupart des amis, pleins de souvenirs merveilleux et là encore, quand la boîte a décliné on nous a proposé avec des yeux de biches des licenciements à l’amiable, des promesses d’indemnisation plus que respectable, entre adultes consentants on peut bien s’arranger non ? Naïve que je suis ! Je les ai vu virer une femme à son retour de maternité, perso c’est mon indemnisation qui se retrouvait réduite de moitié au moment du face à face avec la DRH…j’ai pas voulu signer, ils m’ont menacer de me servir de ma dépression passées pour me foutre dehors. Ils n’auraient pas dû. Une entrée fracassante dans le bureau du chef et une grande tirade enragée m’a permis de partir la tête haute avec ce qu’ils m’avaient promis. J’aime pas qu’on se foute de ma gueule !

Retour sur Toulouse et galère pendant un an et demi avant de trouver une petite start up au premier abord très sympathique. Toujours nikel avec les collègues, le boss qui joue les bons copains, on prend des cuites ensemble, on se raconte nos vies, on fais l’impasse sur ses plans foireux, on le couvre autant qu’on peux devant les clients mécontents, il promet monts et merveille en remerciement, jure que le société pérennise et que l’on va tous en profiter, et dans la foulée je reçois une lettre de licenciement économique ! Bien sur il est désolé, ce n’est pas sa faute, il ne pouvait rien dire, c’est le comptable qui a décidé. Cette fois là je n’ai rien pu faire, pas même balancer ses escroqueries…

Arrivée ici je me suis vite rendue compte que les choses allaient recommencer. Supers collègues, travail intéressant, découverte d’un milieu qui me fascine…et un patron vraiment, mais vraiment très con ! Qui passe son temps à nous foutre la pression, qui privilégie les critiques plutôt que les compliments, quoi qu’on fasse, qui nous presse comme des citrons, et qui remplace allègrement ceux qui partent, à bout, par des petits jeunes motivés qui se dévouent corps et âmes et acceptent tous les abus parce que c’est leur premier job ! Il est à l’abri, en Andorre il n’y a ni contrat, ni Prud’Hommes, ni Assédics…on est coincé et il le sait. C’est dommage, il gâche tout, et je sais pas si je supporterais ça longtemps.

Du coup je me demande si c’est moi qui ai un problème ? ok, j’ai toujours eu un problème avec l’autorité, la hiérarchie, l’abus de pouvoir, mais comme tout le monde non ? Ca doit bien exister les patrons sympas, objectifs, respectueux, reconnaissants…non ? Comment je vais faire cette fois si je claque la porte sans avoir rien assuré derrière, sans chômage ?

C’est bien vrai alors ? si t’as pas de tune t’es condamné à fermer ta gueule ?! On en est encore là ?

Je les admire d’autant plus ces gens qui arrivent à vivre de leur passion sans compromis, quitte à se marginaliser, à en payer le prix. Je voulais évoquer mon dernier fantasme en date, et je réalise qu’il en fait partie de cette poignée de gens libres. Je comprends enfin pourquoi ce sont eux qui m’attirent et je comprend aussi pourquoi je ne peux que croiser leurs chemins parfois et les laisser repartir.


(Tiens, je me suis lachée là...c'est un peu long non ? :))

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Plus c'est long, plus c'est bon ! Non ?

Malheureusement, trouver le patron de sa vie, c'est comme chercher la femme ou l'homme de sa vie. Les raccourcis sont rapidement trouvés : tous les patrons sont pourris, tous les mecs sont des salauds et toutes les gonzesses s'envoient en l'air avec le premier venu quand leur mec les gonfle...
Les gens libres, qui vivent de leur passion en ont généralement chié des ronds de chapeaux au début.

On dirait que tu vas encore faire ta valise d'ici quelque temps, non ?

Kamasan a dit…

Lol...comment ça toutes les gonzesses s'envoient en l'air avec le premier venu... :))
Ouais t'as raison, on a vite fait de faire des raccourcis ! Mais en plus je sais que ça existe des patrons cool, j'en connais, mais pas les miens :)
Je pense quand même pas faire mes valises si vite, j'ai rien trouvé d'autre pour l'instant (et en plus je suis difficile je voudrais rester dans le sud !) et puis ça me fait chier de quitter si vite mes "nouveaux amis" :))

Anonyme a dit…

Ce qui est étonnant, c'est que certains arrivent à trouver sympa des boss objectivements cons et aigris, j'ai déja vu ça.
J'aime bien le rythme de ta note, les petites phrases qui ponctuent les premiers paragraphes ;)

Kamasan a dit…

Ben c'est clair qu'il y en a que ça dérange pas plus que ça visiblement...z'on pas de fierté ou quoi ?

Anonyme a dit…

Non, c'est juste que ce sont des lèche-arrière-train (pour être poli...) ou qu'ils sont encore plus tartes que leur boss !

Oh ! Dis-donc, j'avais pas vu qu'on pouvais écrire un truc après "Enregistrer un commentaire !!!

series.on.the.cake a dit…

plus c long plus c bon.....et là ça a donné!!!!!! bravo bravo!

Anonyme a dit…

j'ai lu d'une traite et sans sauter de lignes lol
tu as des principes et raison de les faire respecter!
tu es libre parce que tu fais ce que tu ressens (et y en a qui le font pas)
bises

Kamasan a dit…

Merci, vous avez été bien courageux, je sais pas ce que j'ai en ce moment, celle que je m'apprête à poster est pas mal non plus niveau longeur :)

Bises à vous :)

Kamasan a dit…

Merci, vous avez été bien courageux, je sais pas ce que j'ai en ce moment, celle que je m'apprête à poster est pas mal non plus niveau longeur :)

Bises à vous :)